Vol. 6 No. 2 (2020): Décentrer la Recherche en Danse
Il est apparu fortement depuis une dizaine d’années que les pratiques de recherches académiques en danse ont participé et participent encore de la construction et de la reproduction des inégalités dès lors qu’elles divisent toujours les espaces artistiques entre les « centres » et les « périphéries ». Mais sortir de ces mécanismes n'est pas une tâche simple parce qu’ils se fondent sur une logique de l'histoire de « la » danse universalisante et attachée à des présupposés eurocentriques et nord-américains qui est fortement ancrée dans le champ. Il est ainsi nécessaire de mener un travail réflexif de décentrement des perspectives, des objets, des méthodes.
Le décentrement que nous recherchons peut se mener sur différents niveaux : celui de l’historiographie, de l’ethnographie, du genre, de la race, de la classe, mais encore de l’esthétique, du kinesthésique, du chorégraphique, du culturel, du politique, enfin de l’économique et du social. A travers ce dossier, nous souhaitons contribuer au mouvement général d’une critique au sein des études de danse qui favorise une recherche attentive aux échanges, aux circulations et aux relations de pouvoir qui déterminent autant les pratiques en danse que celles de la recherche.
Notre objectif est une extension du corpus du champ des recherches en danse, et prend comme référence les travaux récents sur les échanges culturels et les études postcoloniales et décoloniales, mais aussi une exploration des lieux de tension qui existent sur le terrain. Il s'agira alors de décentrer le regard sur les danses, de décentrer les histoires légitimantes, de décentrer le conditionnement institutionnel comme le champ des références, et de nous décentrer en tant que sujets de connaissance. Nous proposons à travers ce dossier le décentrement comme exercice de recherche, afin de favoriser l'émergence de connaissances situées et l'exploration du potentiel des recherches en danse dans cette perspective. Au-delà de ses définitions multiples et possibles, nous comprenons le décentrement comme une pratique et un processus critique toujours en devenir.
Rédacteurs invités : Ana Teixeira, Isabelle Launay, Javier Contreras, Juan Ignacio Vallejos, Patricia Aschieri
Rédacteur en chef : Alexandre Nunes
Rédacteur en chef adjoint : Rafael Guarato